Une goutte dans l’océan
Il y a quelques semaines, je racontais à mon ami Chad comment nous vivions sans voiture ici, alors que nous vivions dans une ville vallonnée de 44 000 habitants avec des lignes d’autobus irregulières et de fréquentes grèves ou pannes de train. Nous avons un scooter, j’ai dit fièrement, un scooter électrique. Il m’a regardé d’un air quizz. Vous savez que les motos ne consomment pratiquement pas d’essence ? En effet, ils utilisent 2-3 litres / 100 km, contre 4-17 litres / 100 km pour les voitures (UE / Canada – selon la taille, le modèle, si vous conduisez en ville ou sur l’autoroute, avec des pneus neige et de la chaleur / climatisation etc). Certes, pour parcourir de courtes distances autour de la ville, c’est une goutte d’eau dans l’océan.
Nous sommes tous des gouttes dans l’océan, dans le tableau d’ensemble. Pour moi, ces choix personnels ont toujours été de joindre le geste à la parole. Comment puis-je justifier mon lobbying en faveur de politiques publiques ou d’entreprises plus respectueuses de l’environnement si je ne m’efforce pas de réduire ma propre empreinte environnementale ?
Mais quand je pense à notre vie sans posséder une voiture, je me rends compte qu’il ne s’agit pas seulement de faire ce qu’on dit (walk the talk)… Nous sommes obligés de connaître les horaires des bus et des trains et je suis personnellement incitée à écrire à la ville pour me plaindre du manque de bus du soir. Nous comprenons maintenant comment charger un scooter électrique fonctionne (facile) et avons découvert une pléthore de systèmes d’autopartage pour les week-ends où nous voulons quitter la ville ou les courses qui ont besoin d’une voiture, y compris ouicar et Getaround, qui permet aux gens de louer leur voiture à d’autres résidents, Modulauto, un nouveau système de partage de voitures électriques semblable à Communauto à Montréal, un atelier communautaire de réparation de bicyclettes et Rézopouce, une application pour encourager la sécurité en auto-stop dans la région. Le meilleur de tous, c’est que nous sommes motivés à marcher partout et à rester en forme.
Je m’empresse d’expliquer que ceci n’est pas une condamnation des propriétaires de voitures (nous avons le luxe du temps, de la connaissance et de la motivation que les autres n’ont pas, nous vivons en ville et nous avons traversé l’océan en avion pour venir ici…). C’est plutôt une ode aux gouttes d’eau.
J’entends souvent des gens critiquer les actes individuels comme l’achat d’aliments biologiques locaux ou la conduite d’une voiture électrique, comme une façon pour les riches de sauver leur conscience environnementale et de promouvoir leur propre santé. Si c’est tout ce qu’on a fait, ce n’est pas assez. Et si cela nous empêche ou nous distrait d’apporter des changements plus importants et plus fondamentaux au système, comme l’amélioration du transport en commun, l’augmentation du nombre de voies cyclables et le soutien aux voitures électriques, c’est un problème. Mais si cela nous aide à trouver un chemin vers le nouveau monde dont nous avons besoin et de faire une démonstration de ce qui est possible, les actes individuels peuvent faire des vagues, goutte à goutte.